La Linogravure

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Nouvelle recherche d'une technique d'estampe écologique : la Linogravure est une technique de gravure en relief sur une plaque de linoléum plaquée sur toile de jute dont le but est de permettre la reproduction d’un dessin par la pression de la surface de linoléum gravée sur n’importe quel support à la surface plane, on l’utilise généralement sur du papier.

C’est une technique d’estampe en taille d'épargne comme la gravure sur bois. Elle consiste à dessiner ou décalquer son dessin sur la plaque de linoléum puis à évider les parties qu’il ne faut pas encrer avec des gouges de différentes tailles et formes. Une fois celle-ci réalisée, il ne reste plus qu’à encrer les parties non évidées avec un rouleau encreur sur lequel un medium aura été préalablement déposé.

Lors de la gravure il convient de bloquer la plaque dans un cadre ou avec un protège-mains pour éviter de se couper. Il faut aussi éviter d’effectuer des gestes vers la main tenant le support pour cette même raison. Le medium pour l’impression que j’ai utilisé ici est de l’encre acrylique pour la Linogravure (un peu plus liquide que l’acrylique standard) pour faciliter son encrage sur le linoléum, mais il est possible d’utiliser d’autres mediums comme les encres typographiques, de gravure, la peinture à l’huile, la peinture pour la sérigraphie (il est conseillé de choisir celle où la linogravure est inscrite sur les tubes).

L’encrage s’effectue tout d’abord à l’aide d’une palette à encrer. Il faut veiller à bien encrer tout le support de façon uniforme, à faire attention à ne pas mettre trop d’encre sur le rouleau au risque de masquer certaines gravures, les plus petites notamment. L’encrage d’une seule plaque de linoléum peut être réalisé avec plusieurs couleurs mais du fait de l’utilisation du rouleau encreur, on préférera réaliser les autres couleurs sur d’autres plaques de linoléum. La Linogravure se destine plus à l’impression monochromatique pour cette raison même si ce n’est vraiment pas un frein à l’utilisation de plusieurs couleurs.

Point important lors de la linogravure, il faut donc prendre en compte que le dessin apparaît en négatif avec un effet miroir, la plaque étant retournée sur le support, les signes (lettres, chiffres) doivent être impérativement inversés horizontalement. Il faut également savoir que les parties évidées prendront la couleur du support.

À la différence des autres techniques, elle n’a pas pour objectif de permettre une impression totalement nette, des imperfections d’encrage peuvent apparaître. C’est ce qui en fait aussi le charme mais aussi le possible inconvénient de cette technique, la reproduction d’une œuvre n’est jamais totalement identique.

Une fois l’impression réalisée, il ne reste plus qu’à faire sécher les feuilles, selon l’encre ou la peinture utilisée. Cette opération peut durer de vingt minutes à plusieurs jours ajoutée au nettoyage du matériel, la plaque linoléum comprise pour permettre sa réutilisation ultérieurement.

Le matériel

Le Linoléum

C’est un support composé d’huile de lin, de colophane (gomme naturelle de pin), de farine de bois et de calcaire pressés et séchés sur une toile de jute, formant une plaque de quelques millimètres d'épaisseur. C’est le même matériau que le revêtement des sols de nos grands-parents, le vernis en moins. C'est d'ailleurs du lin qu'il tire son nom et son odeur particulière. Le linoléum a une composition homogène, il est facile à graver dans toutes les directions, contrairement au bois par exemple qui ne se grave pas de la même façon selon si l’on suit le sens des veines du bois ou non. Il est par contre sensible à la chaleur, il vaut mieux graver dans une pièce à température ambiante ou chaude, le froid ayant tendance à durcir le support. La taille des linoléums va globalement du A5 (14,8 x 21 cm) au A2 (42 x 60 cm), avec comme exception l’« Art Print » qui va jusqu’à 90 x 90 cm et le « Walton Soft » qui va jusqu’à 60 x 80 cm.

Les différentes plaques de linogravure

« Art Print » de la marque « Essdee » (Gris clair)

Lino de mauvaise qualité car beaucoup trop friable, il se casse même lorsque l'on ne réalise pas de détails. De couleur gris clair, le décalquage est bien visible. C’est le linoléum, le moins cher.

« Walton Soft » de la marque « Forbo » (Gris clair)

Lino « tendre » de bonne qualité, qui permet de réaliser des œuvres n'ayant pas une quantité importante de détails fins. Son prix est entre celui de la marque « Essdee » et le « DLW ».

« Natural » de la marque « DLW » (Marron)

Lino le plus solide, il permet de réaliser des détails fins sans risqué de casser. Il est le plus cher, de 20% environ mais il le vaut vraiment. C'est celui que j'utilise en général, sauf si je sais que je n'ai pas besoin de réaliser beaucoup de détails, dans ce cas là j'utilise le lino « Walton Soft ». De couleur marron, le crayon/feutre noir est moins lisible, il faut utiliser une autre couleur de préférence.

Le linoléum de sol

Il n’est pas adapté à la pratique artistique car trop mince et trop dure à graver.

Les encres

Il faut utiliser des encres spécifique à la gravure pour imprimer en effet sa texture doit présenter une certaine viscosité pour adhérer avec les plaques de linoléum. Elle ne doit être ni trop épaisse (provoquant trop d’adhérence), ni trop liquide (n’adhérant pas et bouchant facilement les parties évidées). On utilisera donc pas l’aquarelle, la gouache mais de la encre à l’huile ou de l’encre acrylique dont la densité peut être réglée en ajoutant plus ou moins de liant.

Encres Acrylique

Encres d’entrée de gamme, elles n’encrent pas très bien le linoléum. Elles partent à l’eau et au touché. Ses encres sèchent rapidement de quelques minutes à quelques heures, l’eau s’évaporant rapidement du liant. Elles disposent d’une dizaine de couleur miscibles les unes dans les autres pour obtenir une infinité de couleurs.

« Aqua-linol » de marque « Gerstaecker »

« Blockprinting ink » de la marque « Essdee »

Encres à l’huile

Elles sont plus pigmentées, elles s’impriment mieux et durent longtemps (résistance à la lumière - norme ISO) que les encres acrylique. Elles résistent à l’eau et ont une viscosité homogène entre toute les couleurs, ce qui permet les utiliser sans risque de changement visuel, lors de l’impression. Les pigments utilisés ne contiennent ni métaux lourds ni compléments chimiques. Ses encres sèchent comme une peinture à l’huile, en absorbant l’oxygène, mais plus rapidement. Le temps de séchage est d’un jour à quinze jours. Elles disposent d’une trentaine/quarantaine de couleurs et sont disponibles en tube de 60 ml et en pot de 200 ml.

Taille-douce de la marque « Gerstaecker »

Les encres taille-douce Gerstaecker sont à base d’un mélange spécial d’huiles de lin et sont fabriquées selon les méthodes ancestrales et passent au laminoir à 3 rouleaux pour une viscosité optimale et un essuyage plus facile sur la plaque.

Taille-douce « Aqua-wash » de la marque « Charbonnel »

Elle est à l’huile de lin exclusivement et est composée de pigments naturels et synthétiques (pour certaines encres uniquement). Elle est dix fois plus chère que l’encre acrylique « Aqua-linol » entrée de gamme de la marque « Gerstaecker » et une fois et demi fois plus chère que l’encre taille-douce de la marque « Gerstaecker » pour un litre d’encre.

Encre « Maison »

On peut créer des encres maison avec du café (avec l’ajout de vinaigre et du sel comme conservateur et ) par exemple mais il faudra rajouter un liant de type épaississant comme du miel pour obtenir la bonne densité d’encre. Cela reste moins évident que les deux options précédentes, tant que l’on pas trouvé les meilleures proportions, épaississant/encre maison.

L’encre choisie et réflexion sur son utilisation

J’ai choisi l’encre taille-douce « Aqua-wash » de la marque « Charbonnel » car celle qui est de meilleure qualité et dont la viscosité est la plus homogène, ce qui est essentiel pour obtenir une bonne impression. Dans la continuité de la logique écologique et économique au lieu de réaliser une centaine de plaquettes, je n’en réalise qu’une dizaine que je distribue en libre service sous forme de consigne d’une valeur importante (cinq euros) pour être sur que les plaquettes sont retournées. Un QR Code permet de téléchargé le document numérisé si l’on le souhaite pour le conserver avec soi et le partager avec ses connaissances. Ainsi il est possible d’utiliser un nombre réduit d’exemplaires tout promouvant son activité au plus grand nombre sans avoir des coûts de réalisation plus importants.

Mediums pour créer une encre à effets

Il existe différents médiums pour obtenir un effet brillant, nacré sur ses encres. Ils sont à base d´eau, de gomme arabique et de pigments à effet. Imperméables au séchage. Les médiums à effets sont à utiliser pur pour un tirage sur une couche déjà imprimée ou à mélanger à ses encres taille-douce pour les éclaircir. Plus la nuance est transparente ou foncée, plus l´effet est saisissant. Le mélange est 1 volume de médium pour 5 volumes d´encre taille-douce.

Le choix des outils

Pour les outils je privilégie ceux réalisés à partir de matériaux naturels et renouvelables (comme le bois). Les gouges que j'utilise sont de la marque suisse « Pfeil » est une marque suisse reconnue pour la qualité de ses outils. Concernant le choix des gouges, j’ai souhaité aller à l’essentiel, rien ne sert de toutes les posséder (il y en a treize), un choix méticuleux de trois/quatre gouges permet de réaliser la majorité des types de gravures.

Gouge avec une lame arrondie en U de 10 mm

La sert à enlever rapidement le lino qui ne doit pas être imprimé. Du fait de sa faible courbure et de sa grande largeur, elle permet de faire de beaux aplats et d’enlever du lino jusqu’à une largeur de 4 mm.

Gouge avec une lame courbée en U de 3 mm

Elle permet de réaliser des tracés intermédiaires.

Gouge avec une lame courbée en U de 1mm

Elle permet de réaliser des détails fins et de texturer l’image (avec des hachures par exemple).

Gouge avec une lame droite en V de 4 mm

Il sert à réalisé des détails et à faire varier la largeur de la gravure grâce à sa forme en V.

Les rouleaux encreurs

J’utilise des rouleaux de la marque « Abig » car ce sont les seuls véritables bons rouleaux. Ils sont essentiels pour permettre une application homogène de l’encre sur la plaque de linoléum et ainsi obtenir une bonne impression.

Le baren, le pressoir manuel et la cuillière

Le baren est un outil utilisé dans le domaine de la gravure et de l'estampe, en gravure sur bois et en linogravure. Il est un disque plat (en feutre), avec une poignée (en bois) qui permet de frotter de façon circulaire la feuille posée sur la matrice encrée, permettant ainsi de ne conserver que l'encre posée sur les parties non évidées. Il est possible d’utilisé un pressoir manuel reprenant les caractéristiques du baren mais disposant d’une prise en main plus verticale, plus rembourrée au niveau du feutre et donc plus solide. Il est également possible d’utiliser une Cuillère, pour appliquer une frotter le papier sur la matrice mais je trouve la prise en mains moins pratique. Personnellement, j’utilise un pressoir manuel en bois.

Plateau à encrer et plaque de verre

Pour étaler l’encre sur le rouleau, j’utilise un plateau à encrer (en plastique) ou une plaque de verre. Il n’y a pas de différences notables entre les deux, il faut seulement bien les nettoyer pour qu’ils restent bien plats, sans aspérités. Je privilégie le plastique si je dois le transporter car il ne risque pas de se casser lors du trajet. Le verre lui reste mieux du point de vue environnemental.

Résultat de l’impression sur différents types de papier

Les différents types de papier réagissent tous très bien à l’impression, cependant les papier lisses donne des résultats plus homogène la surface étant parfaitement plane. Je n’ai pas observé de différence de résultat entre du papier couché, non couché et artisanal. Je préfère utiliser le papier artisanal pour aspect visuel et pour caractère écologique.

Gravure du lino avec une découpeuse laser

Après expérimentation, il est effectivement possible de graver du lino avec une découpeuse laser, ce qui permet un mélange technique informatique et artisanale et un gain de temps à la découpe, intéressant.

Retour sur l’expérimentation

Ci-dessous les avantages et les inconvénients de la Linogravure (comme à chaque technique d’impression).

Avantages

1. La Linogravure est utilisable n’importe où car elle ne nécessite pas beaucoup de matériel. Il est possible de l’utiliser en milieu professionnel sans risque majeur et cela créera de l’emploi.
2. Le Linoléum est un produit entièrement naturel et relativement facile à fabriquer.
3. Elle permet d’obtenir une impression d’art distinctive des autres méthodes d’estampe du fait des petites imperfections qui peuvent survenir lors du tirage sur papier.
4. Il est possible de découpé les plaques de linoléum pour changer la composition, le contenu d’une impression.
5. J’ai vraiment beaucoup apprécié réaliser des estampes en Linogravure, c’est un support très agréable à travailler car très facile à graver comparer à la gravure sur bois ou sur un support plastique.
6. Il est possible de réaliser des impressions avec autant de couleur que l’on veut (mélange couleurs quadrichromie, ton direct, métallique) et de réaliser des dégradés.
7. Elle permet l'impression sur des supports de toutes natures même lorsqu’elle ne sont pas planes.
8. Le temps de gravure pour imprimer avec plusieurs couleurs n’est pas beaucoup plus long sur plusieurs plaques que sur une seule.

Inconvénients

1. ...Mais sa réalisation prendra forcément plus de temps qu’une impression numérique (dessin, décalquage, gravure à la gouge puis encrage et impression). Il est possible d’utiliser une découpeuse laser pour gagner du temps néanmoins.
2. Il est possible qu’avec le froid, le linoléum durcisse ce qui le rend plus difficile à graver ultérieurement (effet variable selon la qualité du linoléum).
3. Il faut bien sur graver une plaque de linoléum de la taille du support final (ce qui rend la gravure d’autant plus longue que le support est grand), en miroir horizontal pour imprimer dans le bon sens l’image, celle-ci étant renversée lors de l’impression.
4. ...Mais il est difficile de modifier la gravure une fois celle-ci réalisée, cela est néanmoins possible avec de l’huile de lin, de la farine de bois et de la colle.
5. Les petits caractères peuvent ne pas bien être imprimés, du fait de leurs petites tailles. On réservera donc la Linogravure à des visuels d’une taille suffisante et à des lettrages de taille moyenne (20 pt) au minimum.
6. ...Mais si l’on veut être le plus efficace possible sur les réalisations, elle se destine plus à l’impression monochromatique du fait du temps d’encrage et de séchage supplémentaire (même s'il reste optionnel) lors de l’impression avec plusieurs couleurs.

Conclusion

Suite à mes expérimentation en linogravure, en sérigraphie, en impression typographique. J’ai décidé de m’orienter vers la linogravure pour la partie visuelle et la impression typographique pour qui peut être « écologique » et est non toxique (dans le sens de son impact sur la biosphère) même si je ne fabrique pas tout de A à Z (je sais faire du papier, des pigments, de la peinture, de l'encre, de l’impression typographique...). De plus, j’apprécie particulièrement le procédé de fabrication très manuel de la linogravure.

Liens

1. Mes linogravures
2. Présentation de l'atelier d'initiation à la Linogravure