L'impression typographique

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Dans le cadre de recherche de graphisme « écologique » je me suis intéressé à l’impression typographique car elle me permet de composer et d’imprimer des textes, chose qui n’est pas pratique à réaliser en linogravure, l’impression typographique vient pallier à ce manque. J’ai donc pris rendez-vous durant le mois de Juillet avec un conducteur typographe à l'Atelier-Musée de l'Imprimerie pour réaliser une initiation à l’impression typographique.

L’Atelier-Musée de l’Imprimerie

Ce musée a été créer par Jean-Paul Maury en 2010 pour parler de l’histoire et promouvoir l’imprimerie auprès des jeunes générations que ce soit dans l’industrie ou dans les métiers support de celle-ci (Graphiste, Rédacteur, Typographe...).

L’atelier

Annexé au musée de l’imprimerie et animé en partenariat avec l’association « Artegraf », l’atelier dispose de très nombreuses machines et permet de s’initier au différentes techniques d’impression puis de réaliser ses propres travaux personnels en autonomie. Il est possible de réaliser de la Lithographie, Sérigraphie, Gravure sur cuivre, sur bois, de l’impression typographique…

L’invention de l’imprimerie

Procédé mis au point par Gutenberg autour de 1452, l’impression typographique a ensuite été utilisée et perfectionnée pendant cinq siècles. Elle fut le point de départ d’une révolution culturelle sans précédent par la diffusion massive du savoir sous forme écrite. Elle est encore utilisée pour certains travaux artistiques ou de finition, notamment la dorure, le gaufrage. La taille minimum des caractères en plomb est de 5 pt ce qui est largement suffisant tout taille de support.

L’impression typographique consiste en une impression par pression directe sur le papier, au moyen d’éléments en relief.

Elle nécessite l’utilisation :

• De caractères mobiles en alliage de plomb (plomb, étain, antimoine) ou en bois (fruitier, mûrier)
• Ou de clichés (forme imprimante en relief, réalisée en bois, métal, polymère ou encore linogravure)
• D’une Presse pour presser l’encre sur le papier
• D’encre typographique, qui possède la bonne viscosité pour « se fixer » aux éléments de la composition une fois ceux-ci encrés.

Ces éléments sont assemblés dans un châssis avant d’être mis sous presse. La presse peut être manuelle ou mécanique. Comme pour les tampons, les éléments imprimants sont « à l’envers » et en miroir. Il faut composé le texte de la gauche vers la droite, les lettres à l’envers et en miroir horizontal.

L’impression typographique étape par étape

• On compose tout d'abord le texte avec les caractères dans un composteur (de la taille adéquate vis-à-vis de la taille des caractères) que l'on aura récupérer dans des cassetins (subdivision d’un casier en bois) eux même situés dans une casse typographique (casier en bois). Les lettres sont mises à l'envers et en miroir horizontal. Un trait creusé sur le bord supérieur indique que les caractères sont correctement placés.
• On récupère ensuite un châssis (forme rectangulaire servant de cadre support) pour transporter les textes réalisés ligne par ligne l'on peut s'aider d'une plaque pour les transporter jusqu'au châssis, s'il n'est pas juste à coté, posé sur une table de composition typographique.
• On les positionne sur le châssis petits à petits en mettant progressivement des lingots (plaque plate en plomb de différentes tailles et épaisseurs), pour caler et bloquer les lignes de caractères contre les vis de serrage que l'on aura préalable accolés au châssis.
• Entre les différentes lignes de caractères on place des interlignes pour gérer les espaces entre les lignes et les blocs de textes (en plomb toujours), que l'on récupère à part dans les armoires d’interlignes.
• On serre les vis de serrage pour de bon à l'aide d'une clé de serrage (carrée) pour que les caractères ne bougent pas et on transporte le cadre jusqu’à la presse typographique.
• Selon la presse utilisée (manuelle ou mécanique) il y a plus ou moins de réglages à réaliser (positionnement et blocage du châssis, réglage de la largeur de la feuille, réglage de la pression de la presse, mise en marche, encrage des rouleaux...). On bloque le châssis à l'aide d'un aimant. On l'encre manuellement à l'aide rouleau ou d’un rouleau mécanique avec de l'encre typographique ou taille-douce, on pose la feuille bien à plat et droit, puis on actionne la presse. On retire délicatement la feuille en la prenant par en haut vers soi et on la pose sur un séchoir ou sur une table pour le laisser sécher quelques heures. On répète l'opération d'encre et d'impression autant de fois qu'il y a d'exemplaires. Une fois sec, c'est prêt a être diffuser.
• On oublie pas d’essuyer avec un chiffon réutilisable les caractères avec du solvant ou de l'eau (selon le type d'encre), on prend le châssis on retourne à la table de composition, on desserre les vis de serrage, on range les caractères dans leur casse et cassetins spécifiques ainsi que le reste du matériel.

Historique de l’imprimerie

1440 – 1450
Mise au point par Gutenberg du procédé, entre Strasbourg et Mayence

1452 – 1456
Impression de la bible à 42 lignes de Gutenberg, 180 exemplaires imprimés en 3 ans (temps nécessaire à la réalisation d’une seule bible par un moine copiste)

1452 – 1500
Impression de plusieurs centaines de milliers d’incunables (estimation) par différents imprimeurs et diffusion de la technique et du savoir-faire. De nombreuses villes françaises, allemandes, italiennes, autrichiennes ou encore belges voient des imprimeries s’implanter.

1500 – 1900
De nombreuses évolutions sur l’encre, la production de caractères mobiles et surtout la presse voient le jour. On passe à des presses en métal, puis semi-automatiques, puis automatiques avec des cadences qui ne cessent de s’accélérer.

1885
Arrivée de la linotype : les lignes sont directement fondues à partir d’un texte tapé par un opérateur, le linotypiste.

1887
Invention de la monotype : les lettres sont tapés par un opérateur sur un clavier puis directement fondues avec leur blanc.

1960
Création de la photocomposition

1970
Développement de l’Offset

1990
Création de la Publication Assistée par Ordinateur et de techniques d’impressions s’inspirant de l’Offset (Flexographie, Héliogravure, Risographie)

2000
Développement de l’impression numérique (jet d’encre, électrophotographie (laser), magnétographie, ionographie, elcographie, thermographie.)

Rappel des effets du plomb

Aujourd’hui, il est établi que le plomb possède de puissants effets toxiques, même ingéré à faible dose. Il provoque des maladies potentiellement mortelles, en pénétrant dans l’organisme par les voies digestives ou respiratoires, par les muqueuses, et par voie transplacentaire chez la femme enceinte. L’exposition au plomb peut aussi dégénérer en anémie, atteinte rénale, effets sur le système nerveux ou digestif, sur la reproduction. Une fois passé dans le sang, le plomb est en effet capturé par les os, le système nerveux central et périphérique, les foie, les reins, les muscles et le fœtus et relâché durant des années, comme un poison lent et mortel qui circule dans le corps durant des années. Une attention particulière est à porter sur les enfants, qui même a de faibles doses absorbées sur une période prolongée peuvent provoquer des retards intellectuels et physiques irréversibles. Toute intervention sur un revêtement, un matériau ou un produit contenant du plomb (réfection, entretien, maintenance, démolition...) peut engendrer l'émission de poussières de ce matériau éminemment toxique et son absorption par l’organisme.

Les différents outils utilisés

Châssis

C’est dans le châssis que la composition est assemblée et comblée. On fait en sorte de combler les vides avec des lingots, de sorte à pouvoir serrer et que l’ensemble de la composition tienne une fois serrée.

Composteur

Le composteur permet de composer des lignes de textes, en alignant les lettres. Il se compose de deux partie : l’une fixe, l’autre qui coulisse de sorte à pouvoir ajuster la longueur de la ligne (justification).

Brucelles

La brucelles permet de manipuler les caractères de façon précise, lorsque les doigts sont trop gros pour les récupérer. Par exemple, lorsqu’il faut extraire un caractère abîmé au milieu d’une ligne composée.

Lingots

Plaques plates en plomb de différentes tailles et épaisseurs utilisées pour gérer les espaces blancs, caler et bloquer les lignes de caractères contre les vis de forme que l'on aura préalable accolées au châssis.

Interlignes

Les interlignes sont des pavés de métal que l’on insère entre chaque ligne de texte. Ils permettent de gérer l’espace entre deux lignes successives de texte. Leur longueur s’exprime en cicéro (1 cicéro = 12 pt didots).

Caractères

Un caractère est une lettre, un chiffre, un symbole ou un signe de ponctuation. Il est fait d’alliage de plomb (plomb, étain, antimoine) ou en bois et est fabriqué en série à l’aide de machines dédiées (pour le plomb : monotype ; pour le bois : fraiseuse). Il possède un cran qui indique généralement le haut du caractère (dans certaines rares polices de caractère, il peut s’agir du bas de la lettre).

Casse

Elle est un casier en bois destiné à contenir l'ensemble des caractères en plomb d'une même police de caractère dans une graisse donnée.

Cassetin

La casse est divisée en cases appelées cassetins, dont les dimensions et les emplacements sont définis par la fréquence des lettres et la commodité d'accès.

Racloir

Morceau de bois rectangulaire et plat utilisé pour tapisser les caractères dans la forme une fois celle-ci serrée par les vis de serrage.

Chien

Brosse pour nettoyer les caractères après l'utilisation d'un solvant

Cisaille à interligne

Elle permet de couper les interlignes à la bonne longueur

Galée

C’est un plateau en métal qui sert à faire transporter les caractères assemblés au préalable dans le composteur, vers le châssis. Pour maintenir la composition en place, elle est garnie de rebords en surépaisseur sur trois côtés.

Typomètre

Le typomètre permet de mesurer tout ce qui touche à la typographie : les caractères, les blancs, les lingots, les lignes, les espaces à combler, etc. Il fonctionne en point et en cicéro. Avec 12 points = un cicéro. Un point égale approximativement 0,375 mm.

Clé de serrage

La clé de serrage permet de serrer la composition, en agissant sur les serrages de forme qui vont s’écarter lorsqu’on les tourne.

Serrage de forme

Les serrages de formes sont des éléments qui s’écartent lorsque l’on tourne la clé dans le trou central. Ils permettent de serrer la composition dans le châssis.

Rouleau encreur

Le rouleau sert à encrer la composition lors d’une épreuve manuelle ou mécanique.

Aparté « Conservatoire des sciences et des techniques »

J’ai souhaité visiter ce Conservatoire qui retrace l’histoire des sciences et des techniques qui va au-delà de l’imprimerie et du graphisme pour observer et de comprendre l’évolution de la technique de façon globale. Celle-ci est intimement liée à l’évolution du type d’énergie utilisée : nous sommes passé des énergies renouvelables aux énergies fossiles en commençant par le charbon poursuivant avec le gaz, le pétrole et le nucléaire pour retourner en par petits pas vers les énergies renouvelables du fait de l’épuisement des énergies fossiles, du changement climatique et de la destruction des écosystèmes. La mécanisation des machines que nous avons créer, nous ont donné une force surhumaine puis de la mécanique nous sommes aller vers le numérique, qui a permis de faciliter l’échange d’informations, sa création ainsi que l’utilisation de machines/programmes réagissant à leur environnement grâce aux langages de programmation et l’intelligence artificielle. La chimie et particulièrement la pétrochimie a envahie notre quotidien en rendant peu cher des biens courants (encre, plastique, vêtements, béton) tout en ayant des conséquences néfastes sur la santé (augmentation des maladies chroniques). Elle a aussi généré du gaspillage, ses produits ayant une durée de vie assez courte et n’étant pas correctement recyclés (du fait du modèle économique actuel), tandis que le pétrole a mis des millions d’années pour se former. Pour conclure, certains matériaux peuvent être amenés à manquer dans les années (ex. : du cuivre) qui viennent et nous n’avons pas de systèmes d’énergies renouvelables matures pour remplacer les énergies fossiles selon les besoins actuels. Une sobriété énergétique est nécessaire en attendant hypothétiquement des systèmes énergétiques renouvelables « illimités ». Il faut puiser dans les bonnes techniques et énergies du passé pour répondre au changement climatique.

Il est composé de sept collections :

1. Les instruments scientifiques
2. Les matériaux
3. L’énergie
4. La mécanique
5. La communication
6. La construction
7. Le transport

Conclusion

J’ai beaucoup apprécié l’impression typographique, elle permet d’imprimé des textes de façon réellement écologique. Elle met par contre du temps a être réalisé comparativement à la PAO. À titre indicatif, j’ai mis trois heures pour mettre en page deux-cent caractères sur une page, en commençant à peine à prendre de l’aisance dans la composition. Je peux déduire qu’il est possible de mettre en page six-cent à sept-cent caractères sur une journée de sept heures lorsque l’on est expérimenté. Même si le plomb n’est pas avalé, ses vapeurs non respirées et que les conducteurs typographe ont vécus assez longtemps il faudrait tout de même remplacer le plomb par du bois (voir même du linoléum) en créant les caractères. Il pourraient être créer avec une fraiseuse numérique et resteraient suffisamment solides pour l’impression (manuelle et mécanique), si les bonnes essences d’arbres sont choisies (mûrier, fruitier). Je préfère utilisé une presse manuelle car elle plus petite et moins lourde qu’une grosse presse typographique et qu’elle ne consomme pas d’énergie. L’encrage manuel est plus long que l’encrage mécanique mais il permet d’imprimer en plusieurs couleurs d’un seul coup. L’impression recto/verso est bien entendue manuelle par contre. Comme dans beaucoup d’autres choses de la vie courante, le Design graphique peut être et doit être écologique. Celle-ci nous invite à ralentir pour faire mieux (qualitativement) en faisant moins (quantitativement).

Liens

1. Conservatoire des sciences et des techniques
2. Effets toxiques du Plomb